Le temps

Voici venu le temps
De la tulipe noire.
Insomnies, insomnies ;
Levés tôt, couchés tard.
On est exténué.
Toujours des faux départs.
Quand je sors le matin,
Je me sens chanceler.
Je suis, une pelure
Expulsé, un débris.
Où étais-je hier soir ?
Qui ai-je rencontré ?
Ou qui ai-je tué ?
Je suis comme un ivrogne
Qui découvre soudain
Ce qu’il a fait la veille.
Réponds donc, oh mon ombre :
Ai-je tué ?
La voix?
Ne réponda rien.
Un bus
Se met à klaxonner.
Et tous rient de me voir sursauter.
Je ne suis
Que ce chien dans la rue
Qu’on chasse à coups de pied.

 

Coimbra 1990